Histoire du savon : de l’antiquité à aujourd’hui

Si se laver quotidiennement et se faire mousser sous la douche nous semble tout à fait anodin, cela n’a pas toujours été le cas, loin s’en faut ! Vous serez d’ailleurs surpris d’apprendre que l’on se lavait plus au Moyen-Âge, cette époque souvent accusée (à tort) d’obscurantisme, qu’à la Renaissance ! Et oui, vous allez voir, on était loin de sentir la rose… Origines orientales, importation en occident, baignades, bains publics, tendance de mode, consommation de masse, Bleu Blanc Mousse vous présente le savon dans tous ses états.

Des petites bulles dès l’antiquité

C’est sur une tablette sumérienne originaire de la région de Babylone que l’on peut lire la première mention de fabrication de savon. Il ne s’agit pas d’un savon tel que l’on entend aujourd’hui mais plu-tôt une pâte à base de graisses animales et de cendres. Il est alors utilisé pour nettoyer les laines et les cotons et non les corps humains… C’était il y a environ 4 000 ans. On retrouve des traces d’une substance similaire en Egypte, là encore, pour nettoyer la laine. Il semblerait que les égyptiens utili-saient du natron pour se laver quotidiennement, c’est à dire du carbonate de soude extrait des lacs salés. En revanche, ils utilisaient une substance similaire au savon, à base de graisses animales ou végétales avec du sulfate de plomb ou du carbonate de sodium à des fins thérapeutiques. Alors évi-demment, aujourd’hui, s’il y a quelque chose que l’on peut vous conseiller c’est de ne surtout pas utiliser de sulfate de plomb sur votre corps…

Nos amis les gaulois

En Europe, il semblerait que les gaulois utilisaient des savons durs et mous fabriqués à partir de cendres, de suif, de saindoux de sanglier ou d’huiles non comestibles. Ils s’en servaient pour le corps mais surtout comme onguent ou teinture sur les cheveux. Étonnamment, ce n’est qu’à partir du IIème siècle après Jésus-Christ que l’on retrouve des traces d’utilisation de savon par les Ro-mains. Avant cela, ils utilisaient des poudres et se frottaient le corps avant de s’enduire huile après une succession de bains chaud, tiède et froid. Ce sont les Arabes qui vont fortement influencer les Grecs et les Romains. En mélangeant des cendres de plantes maritimes contenant de la soude aux corps gras, ils obtiennent des savons plus durs et plus ferment qu’ils commercialisent sur les côtes méditerranéennes. Ils diffusent alors largement le savon d’Alep et leurs techniques de fabrication. Très couteux et surtout suite aux bouleversements des différentes guerres, l’Europe va se mettre à fabriquer ses propres savons, non plus à base de graisses animales mais d’huile d’olive. Se déve-loppent alors le Savon de Castille réalisé à froid et le savon de Marseille conçu à chaud.

Du moyen-âge à la Renaissance

Le savon est un produit de luxe assez onéreux. Dans un premier temps, seuls les riches y ont accès. Les bains publics se multiplient et les moins fortunés se pressent dans les cours d’eau. Contraire-ment aux idées reçues, le Moyen-Âge est une époque où l’hygiène et les soins du corps sont impor-tants. En 1371, des documents attestent que les savonniers sont implantés un peu partout sur le territoire. En 1430, ouvre la première grande fabrique de savons à Toulon. Malheureusement à la fin du Moyen-Âge, des maladies comme la peste ou la lèpre font rage dans toute l’Europe et l’eau est considérée comme responsable. Cette croyance n’est pas tout à fait fausse : les pollutions hu-maines, animales et chimiques y sont déversées… Nous ne sommes pas au top de l’hygiène ! Le savon va donc laisser sa place au parfum, qui protège soit disant des maladies. La saleté devient une protection naturelle face aux infections. On ne prend alors qu’un bain une fois ou deux par an… et oui ce n’était pas facile de faire chauffer l’eau ! Il faudra attendre le XVIIIème siècle pour que celle-ci retrouve ses lettres de noblesse.

L’industrialisation du savon

Même s’il n’avait pas le vent en poupe, le savon a quand même continué son évolution discrète-ment. Au XVème siècle, les savonneries marseillaises exportent leur production et perfectionnent leurs techniques. À partir du XVIIème l’usage du savon se généralise pour laver le linge. Au XIXème siècle, le savon devient moins cher. Il est alors produit en grande quantité et les hygiénistes rendent son usage obligatoire via de grandes campagnes d’hygiène et de santé publique. La guerre et les nombreuses pénuries qui l’accompagnent vont bloquer la production. Les produits de synthèse font alors leur apparition pour combler ces pénuries. Moins chers, faciles à fabriquer et à assembler, ces produits rencontrent un grand succès et supplantent le savon dans les années 50. C’est le boom des « savons sans savon ».

Cependant Bleu Blanc Mousse note un regain d’intérêt pour la bonne vieille savonnette depuis la fin du XXème siècle. Les croyances selon lesquelles, le savon, contrairement aux détergents synthé-tiques, serait déshydratant, s’évanouissent peu à peu. Aujourd’hui, le consommateur souhaite se tourner vers des savons de qualité et plus naturels. Ça tombe à pic, on en a pas mal sous le coude à vous proposer !